France-Suède se disputera sans Robert Pires, qui a retrouvé la forme à Arsenal, mais avec David Trezeguet, qui peaufine son retour à la Juventus. Raymond Domenech, qui a choisi de ne pas s'exprimer sur les absents, compte placer le premier match de 2005 dans la continuité de France-Pologne (0-0), disputé en novembre dernier. Pour la première fois, il n'a appelé aucun nouveau.
Trezeguet, seul "nouveau"
« Perturbé » et en perte de vitesse fin 2004, revenu depuis à un très bon niveau à Arsenal, Robert Pires n'a pas changé de statut en équipe de France depuis ce fameux automne, quand il a sorti les griefs en rafales à l'encontre du sélectionneur. Il ne fait pas partie du groupe qui affrontera la Suède la semaine prochaine, comme il ne faisait pas partie de celui qui a joué la Pologne il y a deux mois et demi (0-0). A son poste, Florent Malouda et Camel Meriem feront l'affaire. L'un et l'autre comptent une seule sélection, et quelque chose semble dire qu'ils ont plusieurs mois devant eux pour asseoir leur position, en attendant le possible retour de Rothen. A défaut d'explications plus précises, il faut se raccrocher à un faisceau d'indices pour se convaincre que Pires a maintenant peu de chances de revenir à Clairefontaine. « Depuis que je suis arrivé, j'ai dépensé beaucoup d'énergie pour parler de ceux qui n'étaient pas là. Maintenant que les choses commencent à vivre, je vais orienter mon énergie sur ceux qui sont présents, a déclaré Raymond Domenech pour présenter sa liste de vingt. Je ne parlerai pas des absents et je n'attends qu'une seule chose : que les trente joueurs ayant reçu une pré-convocation, et qui finalement ne sont pas là, me mettent en difficulté. Qu'ils me prouvent à chaque match (en club) qu'ils sont meilleurs que ceux-là ».
Domenech répète qu'il n'y a pas de « liste noire ». Difficile pourtant de ne pas tourner les yeux vers Londres quand il précise que « dégager un esprit » est sa priorité actuelle. Ou quand il répète son credo sur la nécessaire « stabilité » de son ossature. « Il y a besoin d'automatismes, insiste le sélectionneur. C'est le plus important en ce moment, plutôt que faire des manipulations et des essais ». France-Suède se situera dans la continuité du France-Pologne (0-0) de novembre. « Ce match est une base. Il y avait beaucoup de choses, il a manqué les buts mais il y a eu tout le reste », a-t-il déclaré à L'Equipe.fr en début d'année. « (Malouda et Meriem) me donnent quelques possibilités, que je veux voir, que je veux confirmer, complète-t-il aujourd'hui. Malouda a fait une mi-temps satisfaisante. Je veux revoir ça dans un contexte difficile. » Quant à Meriem, joueur axial, il pourrait pousser Domenech à tester un système avec numéro 10 pendant une mi-temps, ce qu'il n'a jamais fait jusqu'ici. « En général, dans les amicaux, j'essaie d'avoir deux formules, reconnaît ce partisan du 3-5-2, plutôt adepte du 4-4-2 depuis sa nomination. La blessure de Giuly (en cours de match) a perturbé mon idée initiale contre la Pologne. Mais l'idée de base, c'est bien d'essayer deux formules différentes ».
Dhorasoo et Luyindula de retour
Au-delà de l'absence de Pires, le retour de David Trezeguet est l'autre événement de la journée. Absent depuis l'Euro 2004 en raison de diverses blessures, notamment à l'épaule, il se situe « en phase de reprise » reconnaît Domenech, euphémisme pour dire qu'il est encore loin de son meilleur niveau. Le buteur de la Juventus, 55 sélections depuis 1998, est le seul joueur de la liste "suédoise" à n'avoir jamais été convoqué par l'actuel sélectionneur. Les précédentes listes avaient toutes leur part - parfois énorme - de nouveauté. Pas celle-ci. Même si une certaine jeunesse prime encore - cinq défenseurs sur six n'étaient pas à l'Euro, onze joueurs sur vingt n'ont pas 10 sélections - le sélectionneur donne l'impression d'avoir identifié ceux avec qui il veut travailler. Quelques revenants sont concernés : Barthez, Coupet, Abidal, Zebina, Dacourt, Luyindula, Dhorasoo. « Il arrive de temps en temps à prendre sa place dans une grande équipe (le Milan AC), déclare Domenech au sujet du dernier nommé. Je le connais, il confirme ce que je pensais de lui. Il a fait de très bons matches à tous les postes. » Sur Luyindula : « Il a toujours des débuts de saison difficiles et finit ensuite par justifier son talent. Il a commencé de la même manière qu'à Lyon la saison dernière. Il avait attendu sept ou huit matches avant de mettre un but. Et il avait fini à seize. Le connaissant, son retour ne m'étonne pas. »
Le Marseillais devra cependant affronter la concurrence naturelle de la doublette Henry-Trezeguet, serpent de mer des débats tactiques autour des Bleus depuis la Coupe du monde 1998. A cette époque, leur association était irrésistible à Monaco et en équipe de France espoirs (avec à leur tête... Raymond Domenech). Chez les A, elle fut ensuite très théorique avant l'arrivée de Jacques Santini, où leur association, très prometteuse en 2003, a beaucoup déçu à l'Euro 2004. Raymond Domenech, qui doit régler un vrai problème d'efficacité (5 buts en 6 rencontres, aucun contre Israël, l'Irlande et la Pologne) parle comme s'il voulait remettre les compteurs à zéro concernant les deux hommes, aujourd'hui âgés de 27 ans. « Ils n'ont pas rejoué ensemble depuis l'Euro, l'ancienne génération, et à l'époque il y avait Zidane derrière eux. Il y a un rééquilibrage à trouver, c'est évident. A eux de trouver leur place. » La réponse viendra vite. Car si les blessures ne s'en mêlent pas, Domenech sait déjà quelle équipe débutera devant la Suède, nation qu'il connaît bien pour l'avoir suivie à l'Euro pour la DTN. « Quand je fais la liste, je construis l'équipe de la première mi-temps et celle de la seconde. » Pires, comme les autres écartés d'un jour (Boumsong, Frau et Govou) ne fait partie ni du plan A, ni du plan B censés préparer la réception de la Suisse, le 26 mars en vue de la Coupe du monde 2006. « Je ne sais pas quand je vais trouver le bon équilibre, ni si je vais le trouver, dit Domenech pour dédramatiser la situation. Et de toute façon, pour moi, une équipe n'est jamais figée. » Les absents devront s'en contenter pour s'imaginer un avenir en bleu.