RÄIKKÖNEN REVIENT EN FLÈCHE
Déjà vainqueur en Espagne il y a deux semaines, Kimi Räikkönen (McLaren-Mercedes) double la mise et se rapproche du leader du Championnat, Fernando Alonso (Renault), quatrième après une fin de course difficile où il a été dépassé par les Williams-BMW de Nick Heidfeld et Mark Webber. Au classement des pilotes, l'Espagnol compte désormais 22 points d'avance sur le Finlandais, qui subtilise la deuxième place à Jarno Trulli (Toyota).
En tête de bout en bout
«A Monaco, pour tout pilote, il y a un avant et un après cette victoire-là !» Ces propos de l'Ecossais David Coulthard, recueillis samedi par L'Equipe, acquièrent une double signification avec la victoire de Kimi Räikkönen. Au-delà du prestige conféré par ce premier succès en terre monégasque, lors de l'épreuve la plus glamour et la plus complexe de l'année, le Finlandais s'est surtout offert de nouvelles perspectives pour la suite du Championnat. Si la victoire de Räikkönen en Catalogne avait été interprétée comme l'amorce d'un duel prometteur contre Fernando Alonso, la situation est maintenant sensiblement différente. Dominé par le Finlandais pour la deuxième fois, l'Espagnol n'est plus un concurrrent pour le pilote McLaren-Mercedes, il est désormais un poursuivant comme les autres sur la piste et une cible directe au classement des pilotes.
Mais paradoxalement, si Alonso n'apparait pas sur le podium pour la première fois en 2005, il accentue son avance en tête du Championnat de 18 à 22 points sur le deuxième. Mais son dauphin n'est plus Jarno Trulli, dixième en principauté, mais Kimi Räikkönen lui-même. La domination implacable du Finlandais sur le seul circuit urbain de la saison a été le seul fait constant d'une course qui s'est déroulée en trois parties. Durant les 24 premiers tours, Räikkönen a mené la danse devant Alonso et Fisichella, eux-mêmes détachés du peloton. Puis le Belge Christian Albers a bloqué sa Minardi dans un virage, bouchonnant de nombreuses voitures et obligeant la direction de course à utiliser la safety car. A sa sortie, on dénombrait un perdant, Giancarlo Fisichella, coincé au coeur du peloton, et un gagnant, Jarno Trulli, auteur d'une stratégie d'arrêts décalée. Le passage au stand de ce dernier au 39e tour a finalement ressemblé à un pari perdant, l'Italien quittant alors la lutte pour le podium sans avoir fait d'erreur en piste.
La troisième phase a débuté dans le dernier quart du Grand Prix. C'est à ce moment qu'Alonso a franchement baissé de rythme, handicapé par l'usure de ses pneus. Durant plusieurs tours, l'Espagnol est parvenu à contenir la Williams-BMW de Nick Heidfeld - qui venait de dépasser son équipier Mark Webber. Mais au 71e tour, Alonso a dû laisser passer l'Allemand, avant de céder devant l'Australien. Certes, en cédant deux places d'un coup, il n'a laissé «que» trois points au Championnat. Mais jamais depuis le début de saison, l'Espagnol n'avait semblé autant en difficulté. L'image risque donc de marquer les esprits, comme celle d'un Michael Schumacher bloqué dans le trafic après sa huitième place en qualifications, puis contraint de changer son aileron avant après l'incident d'Albers. En fin de course, avec un Alonso au ralenti, un «Schumi» englué dans le trafic et un Trulli porté disparu, on ne voyait plus que Räikkönen. L'image est saisissante donc, elle risque aussi d'être persistante.