24/05/2005
La principale inconnue du onze de départ de Liverpool, pour la finale de mercredi contre le Milan AC, concerne la pointe de son attaque. Baros ou Cissé ? Cissé ou Baros ? Tout Liverpool s'interroge, sans oser croire que Rafael Benitez associera ses deux attaquants, comme il avait tenté de le faire en début de saison, sans grande réussite. «Lequel choisir ? Je dois y réfléchir, déclarait Benitez la semaine dernière. J'ai deux options. Peut-être que les deux joueront.»
Milan Baros a été titulaire aussi souvent qu'il l'a pu cette saison, mais le retour progressif de Djibril Cissé vers sa meilleure forme physique fait du Français un candidat crédible à la titularisation. Il y a dix jours, il s'estimait revenu à «80% de ses moyens». Son doublé face à Aston Villa (2-1), lors de la 38e et dernière journée de Premiership, a fait remonter sa cote en flèche. Le fait qu'il ait disputé 90 minutes pour la première fois depuis sa fracture tibia-péroné, le 30 octobre 2004, aussi. «Je ne suis pas capable de tenir quatre-vingt dix minutes car j'ai de petits coups de pompe de temps en temps, nuance l'ancien Auxerrois dans L'Equipe de mardi. Je ne suis pas à 100%. Je ne peux pas leur offrir mes chevauchées habituelles, mais je le répète, il faut être patient.»
Tout indique pourtant que Rafael Benitez est tenté par le choix de Cissé. Depuis le retour du Français contre la Juventus, en quart de finale, il fait tout pour le faire revenir dans le bain et ne manque jamais de souligner son courage ou son professionnalisme. Il a aussi pesté contre son manque de réalisme en fin de match contre Chelsea (1-0). Cissé avait manqué deux ballons de K.-O. Reste cette réalité : Liverpool a terminé le Championnat avec le Français à la pointe de l'attaque. Car avant Aston Villa, Cissé avait d'abord remplacé Baros à la mi-temps à Arsenal (1-3).
L'autre élément favorable à Cissé est le bilan de Baros lui-même. Meilleur buteur de l'Euro 2004 (5 buts), le Tchèque n'a inscrit aucun but au cours de ses dix derniers matches disputés avec les Reds. En Ligue des champions, il n'a marqué que deux fois cette saison, le vrai moteur offensif ayant été Steven Gerrard, auteur de deux buts dès le tour préliminaire aller contre Sturm Graz (2-0). Malgré ses démentis officiels, la compréhension entre Baros et Benitez est loin d'être totale. Remplacé 22 fois en 43 matches cette année, le Tchèque a envie de poser la question de confiance. «Quand je suis en pleine forme, je cire le banc, ou en tout cas je suis sorti alors qu'il me reste de l'énergie dans les jambes», s'est-il plaint recemment.
C'est tellement vrai que parmi les trois attaquants de classe internationale actuellement à Liverpool - le troisième étant Morientes, non qualifié - Baros est celui qui a le plus de chances de s'en aller cet été. «Ce n'est pas sûr, mais j'ai des offres, dit-il. On verra ça après la finale. Si je pars, ce sera vers un club qui a au moins le même niveau, et où je pourrai jouer régulièrement.» En attendant son sort, il défend sa candidature pour une place de titulaire en évoquant son bilan récent face à Jaap Stam, le géant néerlandais de la défense milanaise. «J'avais marqué lors du match amical d'avant saison contre Milan, à Madrid (2-1). Et par ailleurs les Pays-Bas et la République tchèque se jouent tous les six mois en ce moment. J'ai souvent réussi face à à lui, notamment à l'Euro. J'ai un avantage psychologique, c'est certain.»