WILLY SAGNOL, actuellement touché à une cheville, se ressource cette semaine en participant aux Etoiles du sport à La Plagne. Il reprendra le footing dans une dizaine de jours et devrait rejouer fin janvier. Parfaitement décontracté, le défenseur français du Bayern aborde tous les sujets.
Comment qualifieriez-vous votre année 2004 ?
Comme un échec total. Avec le Bayern, j'ai connu de multiples blessures qui m'ont vraiment handicapé. Et j'avais émis le désir de quitter le club parce que j'estimais que j'avais fait le tour de l'aventure avec Munich. C'était une histoire d'évolution personnelle, pas d'argent. Mais mes dirigeants ne m'ont pas laissé partir.
Et le bilan avec l'équipe de France ?
On s'est plantés parce qu'on avait perdu la discipline collective sur le terrain. A force de se griser de notre immense potentiel offensif, nous avons oublié qu'il fallait avant tout bien défendre pour s'imposer. L'équipe de France était trop déséquilibrée. Cela fait quatre ans que ça dure.
« La France est redevenue une équipe normale »
L'annonce, avant le début de l'Euro, du départ de Jacques Santini pour Tottenham a-t-elle vraiment perturbé le groupe ?
Pas une seconde. Mais je crois que s'il avait senti la confiance des dirigeants fédéraux, il aurait donné encore plus aux Bleus. Il n'y a qu'en France qu'on voit ce genre d'âneries. Et qu'on arrête de me parler du « traumatisme Lemerre » et de la peur de devoir verser des indemnités à un sélectionneur en cas de rupture de contrat. Ou alors on prend des sélectionneurs bénévoles et ce ne seront pas forcément les meilleurs...
Vous intéressez-vous à la L 1 française ?
En tant que Stéphanois, cela me fait mal de le dire, mais Lyon force mon respect par sa régularité. Pour l'OL, c'est l'année ou jamais pour remporter la Ligue des champions. Pour autant, la L 1 ne me fait pas rêver. Seize ou dix-sept buts par journée, c'est d'une tristesse...
Vous n'imaginez donc pas revenir un jour en France ?
J'aimerais jouer au PSG. Ce club manque juste d'un tout petit peu de stabilité pour regagner des titres. Il ne lui manque pas grand-chose. Ce serait beau d'aider Paris à briller de nouveau. Le PSG m'attire, mais je ne lance aucun appel du pied à Francis Graille : j'aimerais venir dans la capitale mais pas avant deux ou trois ans !
Avez-vous peur que la France ne se qualifie pas pour le Mondial 2006 ?
Ce serait un drame que je n'imagine pas, mais qui peut arriver. La France est redevenue une équipe normale qui a besoin de temps mais qui n'en a pas. Et il y a tellement de petits nouveaux sans expérience que c'est comme si on demandait à Istres de viser le titre. Les gens n'imaginent pas à quel point notre tâche est dure.
Personnellement, avez-vous besoin de l'équipe de France pour exister ?
Elle est plus importante que ma vie en club. Raymond Domenech m'a demandé d'être un des deux leaders de l'équipe et le patron de la défense. Pourtant, à cause des blessures, mon expérience avec les nouveaux Bleus est de deux jours de vie à Clairefontaine ! Mais je suis bien décidé, en 2005, à devenir un des patrons.